RECENTRAGE ROTULIEN PAR TRANSPOSITION DE LA TUBÉROSITÉ TIBIALE ANTÉRIEURE

QUEL EST LE PROBLÈME ?

La rotule est instable et se déboite de façon répétée. C’est la luxation récidivante de rotule. Cette pathologie peut être favorisée par une anomalie de position de l’insertion du tendon rotulien sur le tibia au niveau d’une zone appelée tubérosité tibiale antérieure (TTA). Cette insertion de ce tendon qui relie la rotule au tibia peut être trop externe et/ou trop haute entraînant une position de la rotule qui favorise la luxation.

Rotule légèrement excentrée et basculée
Rotule légèrement excentrée et basculée

QUAND ENVISAGER LA RÉALISATION D’UNE TRANSPOSITION DE LA TUBÉROSITÉ TIBIALE ANTÉRIEURE?

En cas de luxations récidivantes de rotule favorisées par une anomalie de position de la tubérosité tibiale antérieure qui est trop externe et/ou trop haute, on peut stabiliser la rotule en repositionnant la TTA.

Luxation externe de rotule
Luxation externe de rotule

AVANT L’INTERVENTION

La transposition de la TTA est réalisée au cours d’une intervention chirurgicale. Celle-ci a été planifiée au préalable en consultation en se basant sur des clichés radiographiques et un scanner du genou.

L’intervention est précédée d’une consultation d’anesthésie visant à vérifier que le patient est physiquement apte à se faire opérer et à minimiser le risque de complications post-opératoires.

DÉROULEMENT DE L’INTERVENTION

L’intervention se déroule dans un bloc opératoire conforme à des normes strictes de propreté et de sécurité. Le patient est installé sur une table d’opération sur le dos. Un garrot est placé au niveau de la cuisse. La durée de l’intervention est d’environ 45 minutes. Cette intervention peut se dérouler sous anesthésie générale ou sous rachianesthésie qui est une anesthésie loco-régionale où seul le bas du corps est endormi (comme pour l’anesthésie péridurale). C’est le médecin anesthésiste en concertation avec le patient qui décidera du mode d’anesthésie le plus adapté au cas de ce dernier.

La transposition de la TTA peut être précédée d’une arthroscopie du genou visant à contrôler l’état du cartilage articulaire et à retirer d’éventuels fragments de cartilage fracturé lors des épisodes de luxation de la rotule. On y associe une section de l’aileron rotulien externe qui est l’attache externe de la rotule qui a tendance à la tracter vers l’extérieur et à participer à la luxation.

La TTA est découpée et déplacée pour être repositionnée au bon endroit où elle est fixée par 2 vis.

Aspect final : vue de face
Aspect final : vue de profil
Aspect final : vue supérieure

En fin d’intervention la stabilité de la rotule est testée et la rotule ne doit pas se luxer.

Rotule ne se luxant plus en flexion

APRÈS L’INTERVENTION

Un drain est mis en place pour quelques jours au niveau de la cicatrice pour éviter la formation d’un hématome

En post-opératoire, le genou est partiellement endormi par la réalisation d’un bloc anesthésique afin de gérer au mieux la douleur post-opératoire. Cet effet dure environ 18 heures après l’opération. Il peut être prolongé par la mise en place d’un cathéter au niveau de la cuisse si l’anesthésiste le juge nécessaire. Les médicaments et le glaçage du genou participent également efficacement à la prise en charge des douleurs post-opératoires.
Après l’opération, une attelle d’immobilisation du genou doit être portée pendant une durée de 6 semaines pour permettre la consolidation de la TTA. L’appui sur la jambe opérée est autorisé avec l’attelle éventuellement aidé par 2 béquilles.

La durée d’hospitalisation est comprise entre 1 et 3 jours.

En général 2 consultations de suivi seront nécessaires pour suivre la consolidation de l’ostéotomie et la récupération du genou.

La durée de l’arrêt de travail dépend du type d’activité. Il est le plus souvent compris entre 6 et 8 semaines.

La conduite automobile est possible au bout de 6 semaines. La reprise du sport est en général possible après 4 mois.

A terme, les têtes des 2 vis de fixation de la TTA peuvent être gênantes en position à genou car situées immédiatement sous la peau. Il n’est pas rare de les retirer. Ceci s’effectue au cours d’une courte intervention pratiquée en ambulatoire (hospitalisation d’une journée) qui a lieu au bout d’un minimum d’un an.

LES RISQUES LIÉS À L’INTERVENTION

Le risque nul n’existe malheureusement pas en chirurgie. Toute intervention comporte des risques et a ses limites. Il faut les accepter ou sinon ne pas se faire opérer. Toutefois, si une intervention vous est proposée, c’est que le chirurgien et le médecin-anesthésiste estiment que le bénéfice attendu est nettement supérieur au risque encouru.

Certains risques sont communs à tous les types de chirurgie. C’est le cas de l’infection où des microbes viennent envahir la zone opérée. C’est une complication heureusement rare mais qui, lorsqu’elle survient, nécessite une nouvelle intervention et la prise d’antibiotiques.

Un hématome peut également survenir au niveau de la zone opérée. Il est habituellement évité ou limité par la mise en place d’un drain aspiratif en fin d’intervention qui sera retiré dans les jours suivant l’opération.

La chirurgie du genou et l’absence d’appui sur la jambe opérée augmentent également le risque de survenue d’une phlébite pouvant se compliquer d’embolie pulmonaire. Pour limiter ce risque au maximum, un traitement anticoagulant visant à fluidifier le sang (sous forme de piqûres quotidiennes ou de comprimés) est administré pendant 3 semaines après l’intervention.

La non-consolidation de l’ostéotomie est appelée pseudarthrose et nécessite une nouvelle intervention chirurgicale pour obtenir la consolidation de la TTA.

Dans de rares cas, le genou reste raide, chaud et douloureux pendant de longs mois après l’opération. Cette complication qui s’appelle l’algodystrophie est imprévisible et est parfois longue à guérir.

Enfin, des complications plus rares peuvent également survenir. Des nerfs peuvent également être accidentellement abîmés au cours de l’intervention avec un risque de paralysie ou de perte de sensibilité du membre opéré qui peuvent être transitoires ou définitives.

En cas d’inquiétude concernant l’intervention, n’hésitez pas à questionner votre chirurgien ou le médecin anesthésiste afin qu’ils répondent à vos interrogations.

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