RÉPARATION DU TENDON D’ACHILLE
QU’EST CE QU’UNE RUPTURE DU TENDON D’ACHILLE ?
Une rupture du tendon d’Achille est une blessure qui se produit lorsque le tendon d’Achille, qui relie le muscle du mollet à l’os du talon, se déchire partiellement ou complètement. Ce tendon est crucial pour la flexion du pied, notamment lors de la marche, de la course et d’autres mouvements impliquant le bas de la jambe.
Les ruptures du tendon d’Achille surviennent généralement lors d’une activité sportive qui implique des mouvements brusques de la jambe, comme le saut ou le sprint, ou à la suite d’un traumatisme direct. Elles sont également plus fréquentes chez les personnes dont les muscles du mollet sont relativement faibles ou raides.
Les symptômes d’une rupture du tendon d’Achille comprennent souvent une douleur soudaine et intense dans le talon ou le bas de la jambe, un craquement audible au moment de la blessure, une incapacité à marcher normalement ou à se tenir sur la pointe des pieds, ainsi qu’un gonflement et un hématome (ecchymose) autour de la zone affectée.
Le traitement d’une rupture du tendon d’Achille peut nécessiter une intervention chirurgicale pour réparer le tendon déchiré, suivie d’une rééducation et d’une thérapie physique pour restaurer la force et la fonction normale du tendon. Dans certains cas, un traitement non chirurgical peut être envisagé, mais cela dépendra de divers facteurs tels que la gravité de la rupture et le mode de vie du patient.
POURQUOI UNE OPÉRATION ?
Une opération est souvent recommandée pour traiter une rupture du tendon d’Achille en raison de plusieurs facteurs :
- Meilleure réparation : La chirurgie permet généralement une réparation plus précise du tendon d’Achille, ce qui peut aider à restaurer sa fonction et sa force plus efficacement. En réparant le tendon de manière anatomique, on favorise une guérison solide et durable.
- Réduction du risque de récidive : Les études montrent que les personnes traitées chirurgicalement ont tendance à avoir un risque moindre de récidive de la rupture du tendon d’Achille par rapport à celles qui optent pour un traitement non chirurgical.
- Rétablissement de la fonction normale : La chirurgie suivie d’une rééducation appropriée peut aider à restaurer la force et la fonction normale du tendon d’Achille, permettant au patient de retrouver une activité physique normale, voire un niveau de performance comparable à celui d’avant la blessure.
- Adaptation aux besoins individuels : L’opération permet aux chirurgiens d’adapter le traitement en fonction des besoins spécifiques de chaque patient, notamment en ce qui concerne la gravité de la rupture, le niveau d’activité physique et les objectifs de récupération.
Cependant, il convient de noter que la décision d’opter pour une intervention chirurgicale ou un traitement non chirurgical dépendra de divers facteurs, y compris la gravité de la rupture, l’âge et la santé générale du patient, ainsi que ses préférences personnelles. Dans certains cas, un traitement non chirurgical peut être efficace, mais il est important de consulter un professionnel de la santé pour obtenir un avis adapté à la situation individuelle.
LA RÉPARATION DU TENDON D’ACHILLE
La réparation du tendon d’Achille est une procédure chirurgicale qui vise à reconnecter les extrémités déchirées du tendon afin de restaurer sa continuité et sa fonction. Voici un aperçu général du processus de réparation chirurgicale du tendon d’Achille :
- Anesthésie : Avant la chirurgie, le patient est généralement endormi sous anesthésie générale ou régionale, selon les préférences du chirurgien et du patient.
- Positionnement : Le patient est placé en position ventrale ou latérale, en fonction de la technique chirurgicale choisie par le chirurgien.
- Incision : Le chirurgien pratique une incision sur la partie postérieure de la jambe, au niveau du tendon d’Achille, pour exposer la zone de la rupture.
- Réparation du tendon : Les extrémités déchirées du tendon sont identifiées et préparées pour la réparation. Selon la technique chirurgicale utilisée, le tendon peut être réparé en utilisant des sutures, des dispositifs de fixation ou d’autres méthodes pour reconnecter les fibres du tendon.
- Renforcement : Dans certains cas, le chirurgien peut renforcer la réparation en utilisant des greffes tendineuses provenant d’autres parties du corps ou des matériaux synthétiques pour soutenir le tendon pendant la guérison.
- Fermeture de l’incision : Une fois la réparation terminée, l’incision est refermée avec des sutures ou des agrafes et un pansement est appliqué.
- Rééducation : Après la chirurgie, le patient est généralement amené à suivre un programme de rééducation supervisé par un physiothérapeute. Ce programme peut comprendre des exercices de renforcement, d’étirement et de réadaptation fonctionnelle pour aider à restaurer la force, la mobilité et la fonction du tendon d’Achille.
Il est important de suivre attentivement les instructions postopératoires fournies par l’équipe médicale pour favoriser une récupération optimale et minimiser les risques de complications.
En cas de lésion fraîche en plein corps tendineux, une réparation simple du tendon est réalisée.
Un petit abord chirurgical de quelques centimètres est centré sur la lésion.
- Des fils vont être passés dans le tendon de part et d’autre de la rupture (Figure n°1) pour rapprocher les berges et réparer le tendon solidement.
- Des sutures complémentaires vont être ensuite réalisées pour harmoniser le contact entre les berges (Figure n°2).
En cas de lésion fraîche en zone myotendineuse, la remise en contact entre le muscle et le tendon est assurée par un dispositif appelé Ténolig.
Ce geste est fait de manière percutanée c’est à dire en réalisant de petites incisions de quelques millimètres.
- Deux fils reliés chacun à un harpon sont passés d’abord dans le muscle puis dans la zone de rupture et enfin dans le tendon pour ressortir par la peau (Figure n°3).
- Les fils sont par la suite tendus, les harpons viennent alors s’ancrer dans le muscle permettant le rapprochement des berges (Figure n°4).
En fin d’intervention, les fils sont noués à leur sortie de la peau sur un bouton afin de maintenir la fixation.
En cas de lésion ancienne, une chirurgie de reconstruction tendineuse est nécessaire pour combler la perte de substance entre les berges.
Un abord chirurgical plus important est alors nécessaire.
- Une bande tendineuse est prélevée en amont de la lésion et retournée sur elle même (Figure n°10).
- Elle est ensuite suturée solidement par des fils sur la berge inférieure (Figure n°11).
Le site du prélèvement est fermé en fin d’intervention, et va cicatriser et se renforcer avec le temps.
L’intervention dure en moyenne 1 heure. Elle nécessite une hospitalisation d’environ 3 jours.
Elle peut être réalisée sous rachi-anesthésie ou bien sous anesthésie générale.
C’est votre anesthésiste qui décide avec vous de la meilleure anesthésie en fonction de votre état de santé.
Après l’opération, une attelle puis une botte en résine sont confectionnées.
Le traitement de la douleur sera mis en place, surveillé et adapté de manière très rapprochée dans la période post-opératoire.
LA RÉÉDUCATION POST-OPÉRATOIRE ET LA REPRISE DES ACTIVITÉS
La botte en résine est gardée 6 semaines. La marche s’effectue à l’aide de deux cannes et sans appui pendant toute cette période.
A l’ablation de la botte, l’appui est autorisé avec une talonnette diminuée d’épaisseur progressivement sur 3 semaines.
La rééducation commence alors chez votre kinésithérapeute.
La marche normale est retrouvée à la fin du 2ème mois.
La reprise du volant est envisageable au 3ème mois ainsi que celle du travail, une activité de bureau pouvant être plus précoce.
La reprise des activités sportives douces comme le vélo et la natation peut se faire après le 3ème mois. La course à pied est envisageable après le 6ème mois.
Il faut souvent attendre le 8ème mois pour reprendre les sports collectifs et la compétition.
LES RISQUES ET LES COMPLICATIONS
En plus des risques communs à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, notons quelques risques plus spécifiques à cette chirurgie :
- La peau peut avoir des difficultés à cicatriser et nécessiter des soins infirmiers pendant plusieurs semaines, voire une reprise chirurgicale.
- La survenue d’une infection, bien que rare (risque inférieur à 1 % dans notre établissement), est une complication sévère et peut nécessiter une reprise chirurgicale et la mise sous antibiotiques plus ou moins longue.
- Il est possible que la zone opérée saigne et qu’il se forme un hématome. En fonction de son importance, une évacuation peut être nécessaire.
- Les nerfs et artères qui entourent la cheville peuvent être accidentellement blessés. Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une perte de la sensibilité voire une paralysie de certaines parties du pied. En cas de lésion artérielle, une chirurgie vasculaire peut être nécessaire.
- Des petits caillots de sang solidifié peuvent se former et se coincer dans les veines des jambes occasionnant une phlébite et nécessitant un traitement anti-coagulant pendant plusieurs semaines.
- Une raideur articulaire peut se développer si la rééducation post opératoire n’est pas bien prise en charge.
- Des réactions inflammatoires exacerbées peuvent entrainer des adhérences et limiter la mobilité de la cheville. Cependant, de nouveaux traitements existent et permettent de gérer plus facilement cette complication rare.
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien vous donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.
LES RÉSULTATS ATTENDUS DE VOTRE OPÉRATION
Dans le cadre d’une rupture fraîche, le taux de cicatrisation tendineuse est de plus de 95%.
Le tendon est d’ailleurs parfois plus épais. Le risque de nouvelle rupture est inférieur à 5%.
Dans le cadre d’une rupture ancienne, le taux de cicatrisation est sensiblement le même mais avec un délai plus long.
La reprise des activités est alors plus retardée.
Les résultats des réparations chirurgicales du tendon d’Achille sont néanmoins très encourageants puisque la reprise des activités sportives au même niveau est obtenue dans plus de 90% des cas.